Tous sur Signal ou Telegram?

En ce début 2021, WhatsApp a annoncé changer ses conditions générales d’utilisation. La modification principale consiste à partager certaines informations entre le réseau social et sa société mère Facebook, en particulier votre numéro de téléphone, votre nom, votre photo de profil, votre statut, vos contacts, vos données de transaction, d’utilisation, de connexion, ou encore votre adresse IP. Et l’entreprise ne laisse pas vraiment le choix : sans accord de cette nouvelle politique, l’utilisateur ne pourra plus accéder à son compte.

Faut-il tous fuir WhatsApp et privilégier des canaux d’échanges plus sécurisés tels que Signal ou Telegram ?

Ces derniers sont des applications de discussion reconnues pour leur sécurité et leur transparence concernant le traitement des données personnelles de ses utilisateurs.

De nombreuses personnes ont franchi le pas ces derniers jours et ont quitté WhatsApp. Signal et Telegram sont en tête de liste des téléchargements dans plusieurs pays depuis une semaine.  

Deux points de vue s’affrontent dans ce débat controversé. D’une part, les plus fatalistes d’entre nous, qui estiment qu’il est trop tard pour agir, vu l’énorme quantité de données personnelles que nous laissons derrière nous à chaque fois que nous surfons sur Internet. Être présent en ligne entraîne l’absence de vie privée, il faut faire attention à ce qu’on dit, et ce qu’on partage. Et puis, qui nous dit que ces alternatives ne vont pas se faire racheter dans quelques mois par un des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft)… ?

D’autre part, les plus activistes d’entre nous, qui ont décidé de quitter WhatsApp pour protéger leurs données personnelles, à petite échelle, et donner un peu moins d’accès à notre vie privée à ces grandes entreprises. Un effet de masse pourrait permettre à l’application de messagerie en question de revoir sa politique de confidentialité et respecter un peu plus nos données (La modification des Conditions générales a a déjà été reporté de 3 mois, vu le débat qu’il entraîne).

Notons cependant que les changements de politique de WhatsApp ne concernent pas les particuliers européens, grâce au RGPD (Règlement général sur la protection des données personnelles). En effet, Seuls les usages professionnels, c’est-à-dire avec des entreprises qui utilisent la messagerie comme canal pour communiquer avec leurs clients, seront soumis en Europe à ce partage de données. Dans tous les cas, il faudra accepter les nouvelles conditions d’utilisation.

En Europe, la mise à jour de la politique de confidentialité a pour unique but d’aider l’entreprise « à exercer, améliorer et développer son activité », et notamment son service WhatsApp Business. En effet, les données collectées ne pourront pas être utilisées pour améliorer les produits Facebook ou pour proposer des publicités plus ciblées aux utilisateurs. En revanche, les utilisateurs situés en dehors du continent européen pourront voir leurs données utilisées dans le but d’offrir une meilleure suggestion de contenu, des recommandations personnalisées ou encore un ciblage publicitaire plus précis.

Quid des alternatives ?

Si vous décidez de quitter WhatsApp, la messagerie Signal semble être une bonne solution, pour une utilisation personnelle. Elle offre un chiffrement de bout en bout solide par défaut, avec un niveau de protection élevée et des options intéressantes telles que l’autodestruction de messages après quelques secondes ou minutes selon vos paramètres choisis.

En ce qui concerne Telegram, l’application est sécurisée via le protocole MTProto qui assure par défaut un chiffrement sécurisé serveur-client pour les chats privés et de groupe. Mais pour plus de sécurité, il vous faudra prendre l’initiative de créer des « discussions secrètes » sur l’application, qui assurent elles une couche supplémentaire de cryptage client-client, et ne passent pas par le cloud Telegram.

Au bout du compte, il s’agit d’un choix tout à fait personnel, entre l’action à petite échelle malgré une protection européenne assurée ou le fatalisme de laisser aux GAFAM de plus en plus d’informations sur nous.

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