Le droit à la rectification et à l’oubli selon le RGPD

Le règlement général sur la protection des données (RGPD), en vigueur depuis le 25 mai 2018, a renforcé les droits des individus sur leurs données personnelles. Parmi ces droits, le droit de rectification et le droit à l'oubli jouent un rôle crucial dans la protection et la gestion des informations personnelles. Cet article examine ces deux droits, leurs implications pour les utilisateurs et les responsabilités des entreprises.

Le droit de rectification

Le droit de rectification, énoncé à l'article 16 du RGPD, permet aux individus de demander la correction des données personnelles les concernant qui sont inexactes ou incomplètes. Ce droit est essentiel pour garantir que les informations détenues par les organisations soient exactes et à jour.

Les conditions du droit de rectification

Pour exercer ce droit, les conditions suivantes doivent être respectées :

  1. Données inexactes ou incomplètes : Le droit de rectification s'applique lorsque les données personnelles sont inexactes ou incomplètes. L'utilisateur peut fournir des informations supplémentaires pour compléter ou corriger les données existantes.

  2. Demande formelle : L'utilisateur doit soumettre une demande formelle de rectification au responsable du traitement, qui est tenu de corriger les données sans délai injustifié. En pratique, cela signifie généralement un délai d'un mois, extensible à trois mois pour les demandes complexes.

Les responsabilités des entreprises

Les entreprises doivent mettre en place des procédures pour traiter les demandes de rectification de manière efficace et rapide. Elles doivent également informer les tiers avec lesquels elles ont partagé les données rectifiées, à moins que cela ne s'avère impossible ou nécessite des efforts disproportionnés.

Le droit à l'oubli

Le droit à l'oubli, ou droit à l'effacement, est défini par l'article 17 du RGPD. Il permet aux individus de demander la suppression de leurs données personnelles lorsque certaines conditions sont remplies. Ce droit renforce la maîtrise des individus sur leurs informations en ligne.

Les conditions du droit à l'oubli

Le droit à l'oubli s'applique dans les situations suivantes :

  1. Les données ne sont plus nécessaires : Les données personnelles ne sont plus nécessaires au regard des finalités pour lesquelles elles ont été collectées ou traitées.

  2. Retrait du consentement : L'utilisateur retire son consentement sur lequel le traitement est fondé et il n'existe pas d'autre base légale pour le traitement.

  3. Opposition au traitement : L'utilisateur s'oppose au traitement et il n'existe pas de motif légitime impérieux pour le traitement.

  4. Traitement illicite : Les données personnelles ont été traitées de manière illicite.

  5. Respect d'une obligation légale : Les données doivent être effacées pour respecter une obligation légale.

  6. Données collectées auprès d'enfants : Les données personnelles ont été collectées dans le cadre de l'offre de services de la société de l'information à des enfants.

Les limitations du droit à l'oubli

Le droit à l'oubli comporte certaines limitations pour garantir un équilibre avec d'autres droits et obligations :

  • Liberté d'expression et d'information : Le droit à l'oubli ne s'applique pas lorsque le traitement est nécessaire à l'exercice du droit à la liberté d'expression et d'information.

  • Obligations légales : Les données ne peuvent pas être effacées si leur traitement est nécessaire pour respecter une obligation légale ou pour l'exécution d'une mission d'intérêt public.

  • Intérêts publics : Les données peuvent être conservées pour des motifs d'intérêt public dans le domaine de la santé publique, à des fins archivistiques dans l'intérêt public, à des fins de recherche scientifique ou historique, ou à des fins statistiques.

  • Exercice de droits en justice : Les données peuvent être conservées si elles sont nécessaires à la constatation, à l'exercice ou à la défense de droits en justice.

Implications pour les utilisateurs et les entreprises

Pour les utilisateurs, ces droits offrent un contrôle renforcé sur leurs données personnelles, leur permettant de corriger les erreurs et de supprimer les informations qui ne sont plus nécessaires ou pertinentes.

Pour les entreprises, ces droits imposent des obligations strictes en matière de gestion des données personnelles. Les entreprises doivent mettre en place des mécanismes efficaces pour traiter les demandes de rectification et d'effacement et s'assurer que ces processus sont transparents et accessibles.

Conclusion

Les droits de rectification et à l'oubli, tels que définis par le RGPD, sont des outils puissants pour protéger la vie privée des individus et garantir la précision des données personnelles. Pour les entreprises, il est important de comprendre et de respecter ces droits pour maintenir la confiance des utilisateurs et se conformer aux réglementations en vigueur.

écrit par Sophie Everarts de Velp

Sophie Everarts de Velp

Sophie Everarts de Velp est juriste (LL.M.), spécialisée en propriété intellectuelle, droit des nouvelles technologies, vie privée et e-commerce.

https://www.sedv-legal.com
Précédent
Précédent

Droit d’auteur (fiscal) et IT

Suivant
Suivant

Un nouveau cadre pour réduire le greenwashing